L'été est souvent synonyme de vacances, de liberté et de détente. Mais pour beaucoup, la planification des vacances et même les vacances en elles-mêmes peuvent se transformer en des expériences stressantes et accablantes. Le besoin de faire le meilleur choix possible parmi une multitude d'options peut causer une grande anxiété, surtout pour les maximiseurs. En revanche, les optimiseurs, qui se satisfont de solutions "suffisamment bonnes", peuvent jouir d'une expérience de vacances plus sereine et satisfaisante. 

Cet article vise à vous aider à comprendre ces deux approches et à adopter des stratégies pour réduire le stress et augmenter la satisfaction de vos vacances.

 

Deux salles, deux ambiances 

Qu'est-ce qu'un "maximiser" ?

Les maximiseurs cherchent toujours à faire le meilleur choix possible parmi toutes les options disponibles. Leur processus de décision se caractérise par une recherche exhaustive et un effort important pour comparer toutes les alternatives. Cette quête de perfection les conduit souvent à :

  • Comparer de nombreuses options : ils explorent toutes les possibilités avant de faire un choix.

  • Investir beaucoup de temps et d'efforts : la prise de décision devient une tâche chronophage et énergivore.

  • Ressentir de l'insatisfaction et des regrets : après avoir fait un choix, ils peuvent se demander constamment s'ils ont pris la meilleure décision, ce qui diminue leur satisfaction.

Exemple : la planification de vacances d'été pour un maximiseur :

Marie est une maximisatrice typique. Pour ses vacances d'été, elle souhaite trouver la meilleure destination, le meilleur hôtel et les meilleures activités. Elle passe des heures à comparer des centaines de sites de voyage, à lire des critiques, à demander des recommandations, et même à vérifier les avis sur les restaurants locaux. Malgré tous ses efforts, après avoir réservé, elle continue à se demander si elle a fait le bon choix. Elle se retrouve souvent à vérifier d'autres options même après avoir finalisé sa réservation, ce qui l'empêche de se détendre complètement.

Qu'est-ce qu'un "optimiser" (ou "satisficing")?

Les optimiseurs, ou satisfacteurs, recherchent des solutions qui sont suffisamment bonnes pour répondre à leurs besoins et à leurs critères. Leur approche consiste à fixer des standards clairs et à s'arrêter dès qu'une option répond à ces standards, sans chercher la perfection. Les optimiseurs :

  • Fixent des critères clairs : ils déterminent à l'avance ce qui est essentiel pour eux.

  • Prennent des décisions rapidement : une fois qu'une option satisfait leurs critères, ils la choisissent sans trop hésiter.

  • Ressentent moins de stress : ils sont moins anxieux car ils ne cherchent pas la perfection.

  • Sont plus satisfaits : ils ne se demandent pas constamment s'ils auraient pu faire un meilleur choix, ce qui augmente leur satisfaction.

Exemple : la planification de vacances d'été pour un maximiseur :

Jean, un optimiseur, décide de ses vacances d'été en fixant quelques critères simples : une plage, un hôtel confortable et des activités pour les enfants. Dès qu'il trouve une option qui répond à ces critères, il la réserve sans trop hésiter. Il passe alors son temps à profiter de ses vacances plutôt qu'à se demander s'il aurait pu trouver mieux.

 

Les implications psychologiques de maximiser et d'optimiser

Impact sur le bien-être et la satisfaction

Les recherches en psychologie montrent que ces deux approches ont des implications significatives pour le bien-être et la satisfaction personnelle.

Les Maximiseurs sont souvent plus stressés et anxieux. Leur quête de perfection peut les empêcher de profiter pleinement de leurs expériences, et ils sont plus susceptibles d'éprouver des regrets et de l'insatisfaction.

Ce type de fonctionnement à des implications néfastes pénibles pour la personne : en amont, elle ressent du stress, de la nervosité, de la pression, de l’anxiété ou de l’angoisse. Pendant l’expérience, elle n’arrive à profiter pleinement car son esprit est également en train de juger l’expérience, voire de la comparer avec les autres options qu’elle n’a pas choisies, et après l’expérience elle peut ressentir de la frustration (de ne pas avoir su profiter), des regrets (de ne pas avoir choisi autre chose) et de l’insatisfaction.

Tout cela peut également avoir des répercussions sur les relations avec autrui : le temps long de prise de décision peut gêner l’entourage, il peut également interprété ces émotions comme de la “mauvaise humeur” ou une “éternelle insatisfaction” et cela peut parfois amener des tensions dans les relations.

Les Optimiseurs, en revanche, ont tendance à être plus satisfaits et moins stressés. En se contentant de solutions "suffisamment bonnes", ils peuvent apprécier davantage ce qu'ils ont et ressentent moins de regrets.

Le paradoxe du choix

Barry Schwartz, dans son livre "The Paradox of Choice: Why More is Less", explique comment avoir trop de choix peut conduire à une insatisfaction et à une paralysie décisionnelle. Selon Schwartz, le fait de disposer de trop d'options peut augmenter l'anxiété et réduire le bonheur, un phénomène particulièrement pertinent pour les maximiseurs. Cette idée est illustrée par l'expérience des vacances d'été, où la multitude d'options disponibles peut rendre la planification par exemple extrêmement stressante pour ceux qui cherchent toujours la perfection.

 

Stratégies pour maximiser la satisfaction pendant les vacances d'été

Avant tout, il est indispensable d'identifier dans quelle phase du processus vous vous trouver :

  • phase exploratoire ou bien

  • phase décisionnelle.

La phase exploratoire correspond à la période où l'on est plutôt à la recherche d'idées. C'est un processus créatif qui, comme dans une séance de brainstorming, implique justement de ne pas mettre de filtre et, comme son nom l'indique, d'explorer.

A ce stade, nous ne sommes pas dans une démarche de prise de décision. C'est un peu comme "faire du repérage" avant un achat effectif.

La phase décisionnelle quant à elle vise justement un passage à l'action : un achat, un choix d'activité, une réservation, une destination etc..

C'est justement la confusion entre ces deux phases qui peut générer le stress et la frustration induite par la démarche de maximisation. Lorsque notre but est de trancher, de faire un choix, nous sommes pas dans une démarche exploratoire. Cette exploration est un préalable, un préambule. Elle intervient avant la prise de décision, et non pas pendant et surtout pas après.

Voyons à présent certaines stratégies facilitant de processus décisionnel.

Stratégie 1 : fixer des critères clairs

Une des premières étapes pour réduire le stress lié à la prise de décision est de fixer des critères clairs. Déterminez à l'avance ce qui est essentiel pour vous. Par exemple, vous pourriez décider que vous voulez :

  • Une destination avec une plage.
  • Un hôtel avec une piscine.
  • Des activités pour les enfants.
  • Un budget précis.

En ayant des critères clairs, vous pouvez réduire le nombre d'options à considérer et vous concentrer sur celles qui répondent à vos besoins.

Il peut être également tout à fait pertinent que vous déterminiez préalablement l’objectif principal de vos vacances : passer du temps en famille, vous détendre, faire des visites, pratiquer des activités sportives, découvrir de nouveaux endroits, faire de nouvelles expériences, profiter d’un temps en couple, etc…

Attention toutefois à veiller à ce que votre (ou vos) objectif soit réaliste : en une semaine, on ne peut attendre la même chose qu’en un mois (pour ne prendre que la dimension temporelle en considération).

Stratégie 2 : limiter les options

Plutôt que de comparer des dizaines d'options, limitez-vous à quelques-unes qui répondent à vos critères. Par exemple, vous pouvez choisir trois destinations potentielles et comparer uniquement celles-ci. Cela vous aidera à réduire la surcharge d'informations et à prendre une décision plus rapidement.

Stratégie 3 : avoir confiance en vos choix

Une fois que vous avez pris une décision, évitez de revenir en arrière et de continuer à chercher d'autres options. Faites confiance à vos choix et concentrez-vous sur les aspects positifs de votre décision. Par exemple, si vous avez réservé un hôtel, cessez de vérifier les avis ou de comparer avec d'autres hôtels. Profitez simplement de ce que vous avez choisi.

C’est là qu’il peut être particulièrement pertinent de vous référer à votre objectif : ce qui compte c’est le sens que vous mettez dans les actions / expériences que vous vivez, pas l’activité en elle-même. Visiter un musée simplement pour pouvoir remplir une plage horaire n’a pas le même impact sur la satisfaction ressentie que si cette visite satisfait un désir de culture et de découverte.

Stratégie 4 : pratiquer la gratitude

La gratitude est une pratique puissante qui peut augmenter votre satisfaction et réduire le stress. Appréciez ce que vous avez choisi et les moments que vous vivez. Par exemple, plutôt que de penser à ce que vous auriez pu faire d'autre, concentrez-vous sur les aspects positifs de vos vacances actuelles. Remerciez-vous d'avoir pris le temps de planifier et de choisir, et profitez de chaque instant.

Stratégie 5 : utiliser des outils de planification

Des sites comme TripAdvisor ou des applications de voyage peuvent vous aider à comparer rapidement et à prendre des décisions plus informées sans trop d'efforts. Ces outils peuvent fournir des avis consolidés, des classements, et des recommandations basées sur vos critères, facilitant ainsi la prise de décision.

 

Conclusion

Les concepts de maximiser et d'optimiser jouent un rôle crucial dans la façon dont nous planifions et vivons nos vacances d'été. Comprendre ces deux approches peut nous aider à réduire le stress lié à la prise de décision et à augmenter notre satisfaction globale. La quête incessante de la perfection, caractéristique des maximiseurs, peut mener à une surcharge cognitive, une anxiété accrue et une insatisfaction chronique. En revanche, les optimiseurs, en se contentant de choix "suffisamment bons", peuvent naviguer plus sereinement à travers la multitude d'options disponibles, trouver rapidement des solutions satisfaisantes et apprécier davantage leurs expériences.

 

La clef de la satisfaction : l'acceptation et l'engagement.

Les concepts d'acceptation et d'engagement, tirés de la thérapie ACT (Acceptance and Commitment Therapy), peuvent être appliqués de manière efficace pour améliorer notre expérience des vacances. En acceptant nos pensées et émotions sans jugement, nous pouvons éviter de tomber dans le piège de l'auto-critique et de la comparaison constante. Cette acceptation nous permet de reconnaître et d'embrasser nos expériences internes sans les laisser dicter notre comportement.

L'engagement, quant à lui, consiste à prendre des mesures en accord avec nos valeurs personnelles, même en présence de pensées et d'émotions difficiles. En identifiant ce qui est réellement important pour nous, nous pouvons orienter nos choix et nos actions vers des activités qui enrichissent notre vie et renforcent notre bien-être. Pendant les vacances d'été, cela pourrait signifier s'engager pleinement dans des activités qui favorisent la connexion familiale, la détente, ou la découverte, indépendamment des éventuelles anxiétés ou imperfections rencontrées.

 

Utiliser des stratégies pratiques pour des vacances optimales.

Pour mettre en pratique ces concepts, nous pouvons adopter plusieurs stratégies concrètes. Fixer des critères clairs dès le départ nous aide à filtrer les nombreuses options disponibles et à concentrer notre attention sur celles qui répondent à nos besoins essentiels. Limiter délibérément le nombre d'options que nous considérons peut également réduire la surcharge cognitive et faciliter une prise de décision plus rapide et moins stressante.

Faire confiance à nos choix, une fois la décision prise, est crucial pour éviter le piège de la comparaison incessante. Accepter que toute décision comporte une part d'incertitude et de compromis peut nous libérer de l'obsession de la perfection et nous permettre de profiter pleinement de ce que nous avons choisi. La pratique de la gratitude peut renforcer cette attitude positive, en nous aidant à nous concentrer sur les aspects positifs de notre expérience plutôt que sur ce qui aurait pu être.

 

Choisir la simplicité et l'authenticité.

En fin de compte, le choix entre maximiser et optimiser nous invite à repenser notre approche des vacances d'été et, plus largement, de la vie. Plutôt que de chercher sans cesse la perfection, nous pouvons choisir de valoriser la simplicité et l'authenticité. En acceptant nos expériences internes et en nous engageant dans des actions qui reflètent nos valeurs, nous pouvons créer des souvenirs précieux et significatifs.

Les vacances d'été, loin d'être une source de stress, peuvent dès lors devenir une occasion de renouer avec ce qui compte vraiment pour nous. En adoptant une attitude d'acceptation et en nous engageant pleinement dans le moment présent, nous pouvons transformer nos vacances en une expérience véritablement enrichissante. Que ce soit en famille, entre amis ou en solo, l'important est de se rappeler que la satisfaction ne réside pas dans la perfection mais dans la capacité à apprécier pleinement et à vivre en accord avec nos valeurs.

Ainsi, l'optimisation de nos choix de vacances nous permet de profiter pleinement du présent et de créer des souvenirs durables sans être accablé par le doute et le regret. Alors, cet été, pourquoi ne pas essayer de maximiser l'optimisation ? En choisissant la simplicité, l'authenticité et l'engagement dans ce qui compte vraiment, nous pouvons faire de chaque moment une source de joie et de satisfaction durable.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez approfondir votre travail sur l'anxiété, la gestion du stress, la prise décision, ou encore votre parcours d'évolution personnelle, vous pouvez également faire appel à un professionnel.

Dans le cadre d’un travail sur la gestion des émotions, l’estime de soi, la confiance en soi ou encore le burn-out par exemples, les consultations appelées TECC ou TCC (pour thérapies émotionnelles, cognitives et comportementales) ont largement démontré leur efficacité. Elles permettent de mettre en œuvre un travail étayé et approfondi sur le plan émotionnel, corporel, cognitif (pensées limitantes, schémas automatiques...) et comportemental.

 

Céline Gasperini

Psychologue clinicienne